70e anniversaire du ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France libre

Le 24 décembre 1941, sur l’ordre du Général De Gaulle, et contre l’avis des américains, la flotte française libre débarque à Saint-Pierre-et-Miquelon, sous administration de Vichy, et obtient le ralliement de l’île à la France Libre. L’opération est menée par l’amiral Muselier, à l’aide de quatre bâtiments : les trois corvettes Mimosa, Aconit et Alysse et le sous-marin Surcouf, un fleuron de la flotte française. Les faits se déroulent alors que les Etats-Unis viennent d’entrer en guerre, après l’attaque japonaise des 7 et 8 décembre. La situation de l’île, proche des côtes canadiennes, lui conférait un caractère stratégique. Elle disposait à l’époque d’un câble transatlantique et d’une puissante antenne radio, diffusant des messages de propagande favorables aux forces de l’Axe, et soupçonnée de guider les sous-marins allemands dans la région. Aussi, les canadiens avaient-ils établi un plan visant à occuper l’île et à la placer sous administration alliée. Le Général De Gaulle, souhaitant assurer le contrôle de l’île à la France Libre, envoie l’amiral Muselier, l’un des premiers officiers généraux l’ayant rejoint à Londres, monter une opération. Celui-ci sollicite l’avis des américains avant l’opération, et obtient une réponse défavorable. De son coté, Winston Churchill avait donné son accord, avant de demander aux français de renoncer, devant la réticence américaine. De Gaulle prend tout de même la décision d’envoyer ses forces prendre l’île et, le 23 décembre 1941, sous prétexte d’un entrainement, les 4 navires, regroupés à Halifax depuis le 12 décembre, prennent la mer. L’île de Saint-Pierre-et-Miquelon est atteinte le 24 au matin. Les gendarmes n’opposent aucune résistance, et en l’espace de 20 minutes, l’île est libérée. Une consultation de la population est organisée le 25 décembre et plus de 90% des suffrages vont à la France Libre. Les Etats-Unis, sous la direction du Secrétaire d’Etat Cordell Hull, qui déteste De Gaulle, considèrent l’acte comme un affront fait au pays. Le communiqué suivant est lu à la radio :
[...] l’action entreprise à Saint-Pierre et Miquelon par les navires prétendus Français libres, l’a été sans que le gouvernement des États-Unis en ait eu au préalable connaissance et sans qu’il y ait aucunement donné son consentement
Dans son communiqué, il parle même de bâtiments soi-disant français libres. Les Etats-Unis envisagent un moment d’intervenir militairement contre les français libres, mais l’opinion publique se montre favorable aux français libres. Dans ses mémoires, Winston Churchill, qui rencontrait le président Roosevelt en Amérique au moment des faits, écrira que l’expression soi-disant avait été jugée choquante « par presque tout le monde ». A la fin de l’année 1941, la France Libre regroupe déjà plusieurs territoires issus de l’Empire Colonial. Saint-Pierre-et-Miquelon se trouve ainsi aux cotés des Nouvelles-Hébrides, du Tchad, du Cameroun français, du Congo, de l’Oubangui-Chari, des Établissements français de l’Inde et de l’Océanie, de la Nouvelle-Calédonie, et du Gabon, récemment conquis par les FFL.
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