C’est dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, à 0h10, que Louis XVI monte dans la voiture qui devait lui permettre de fuir son palais des Tuileries. Il sera arrêté le 21 au soir, après moins d’une journée de trajet.
L’objectif de Louis XVI est de parvenir à Montmédy, une place forte royaliste. Cette fuite coïncide avec celle du comte de Provence, son frère, qui permettra au futur Louis XVIII de rejoindre les Pays-Bas.
Les fausses identités de la famille royale
Il était impossible à la famille royale de voyager sans utiliser des noms d’emprunt. On emprunta donc celle de la baronne de Korff. Le rôle de la baronne était tenu par la marquise Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel, gouvernante des enfants de France, tandis que le roi et la reine prenaient ceux de son intendant et de la gouvernante de ses enfants. La fille aînée et le dauphin prenaient l’identité des filles de la baronne, et enfin la soeur du roi celle de sa dame de compagnie. La famille obtient des laisser-passer réguliers, signés par le comte de Montmorin Saint-Hérem, ministre des affaires étrangères, et par le roi.
Le Départ du roi
La première étape délicate est de quitter le palais des Tuileries. La famille royale est en effet surveillée par des gardes nationaux sous les ordres de La Fayette.
On procède donc à la cérémonie du coucher du roi, comme à l’habitude, pendant que le dauphin, sa soeur et Madame quittent le palais. Dès la cérémonie terminée, le roi et la reine se déguisent et parviennent à quitter les Tuileries. Ils montent en voiture et quittent Paris. Il est minuit et demi, le 21 juin 1791.
Vers 2 heures du matin, la voiture atteint la berline devant conduire la famille royale en lieu sûr. Le cocher n’a pas été informé de l’identité des personnes qu’il allait transporter. Les deux voitures sont placées portière à portière, pour faciliter le transfert de la famille royale dans la nouvelle voiture.
Le voyage
Le premier relais est à Bondy. Des chevaux sont déjà prêts, grâce au courrier envoyé en avance. Ce rôle est tenu par le comte de Valory. Au même moment, les deux femmes de chambre de la reine, qui avaient quitté le palais avant la famille royale, arrivent à Claye, et font préparer des chevaux. A 4 heures, la berline y arrive finalement. Le roi passe ensuite Meaux, Montmirail, puis Châlons en Champagne. Il est déjà 16h30. A Paris, on a découvert la fuite du roi vers 8 heures, et des émissaires ont été envoyés à leur poursuite.
Pont-de-Somme-Vesle
Dès midi, un détachement de dragons, commandé par M. de Choiseul-Stainville, attendait à Pont-de-Somme-Vesle, à la sortie de Châlon. Officiellement, les dragons devaient convoyer un trésor destiné au paiement de la troupe. Selon M. de Choiseul-Stainville, les paysans commençaient à se montrer menaçant, pensant que les dragons avaient pour mission de les forcer à acquitter des redevances seigneuriales. La voiture est en retard. Le courrier du roi, qui devait devancer la voiture royale d’une heure, était attendu pour 14 heures. Hors, à 17h30, le courrier n’est pas encore arrivé, et Choiseul décide de se replier sur Varennes. Quelques minutes plus tard, le courrier arrive à Pont-de-Somme-Vesle, et ne trouve personne au relais. Vers 18 heures, la voiture royale arrive également au village.
Sainte-Menehould
Le relais suivant est à Sainte-Menehould, où des dragons sont également stationnés, aux ordres du capitaine d’Andouins. Ceux-ci ont fort à faire avec la population locale. M. de Valory parvient à Sainte-Menehould vers 19h30 pour faire préparer les chevaux. La berline royale quitte le relais vers 20 heures.
Le roi y a été reconnu, comme à plusieurs reprises durant le trajet, mais, cette fois-ci, le conseil municipal se réunit et décide de poursuivre la voiture : Jean-Baptiste Drouet, le maître de poste qui avait reconnu le roi, s’élance à sa poursuite avec un compagnon. Ajouter à cela, les dragons, qui devaient chevaucher auprès de la voiture en ont été empêchés par la population, parmi laquelle l’émeute avait éclatée.
Clermont-En-Argonne
Le 16e relais, Clermont-En-Argonne, est atteint à 21h30. 145 dragons aux ordres du colonel de Damas y sont stationnés. La population, là encore, est hostile. Pour ne pas l’exciter, le colonel de Damas diffère le départ des dragons devant escorter le roi, qui quitte le relais vers 21h45.
La voiture royale n’est donc, à ce moment, toujours escortée que par deux gardes du corps à cheval, et d’un courrier, M. de Valory, qui les devance d’un quart d’heure pour préparer les relais. Ils sont toujours poursuivis de Drouet, à une heure derrière eux.
Sur le chemin de Clermont, Drouet rencontre les postillons chargés de conduire les chevaux échangés au relais de Clermont vers Sainte-Menehould. Ils lui indiquent que le roi se dirige sur Varennes. Il décide alors de prendre un raccourci, évitant Clermont et les dragons stationnés.
Varennes
Lorsque Valory, le courrier, parvient à Varennes, le relais est introuvable. Il s’agit d’un relais de fortune, placé là par le duc de Choiseul. Mais les chevaux ont été déplacés dans le bourg. Le roi et son courrier devaient être mis au courant à Pont-de-Somme-Vesle.
La voiture royale parvient à Varennes à 23h15. Les chevaux n’ont pas encore été trouvés. Au même moment, Drouet y arrive également, et ameute la population. La berline est arrêtée. Sauce, le procureur syndic de la ville, réclame le passeport. Le passeport lui semble valable, mais Drouet fait remarquer qu’il n’est pas visé par le président de l’Assemblée Nationale. Sauce leur propose de passer la nuit à Varennes.
Les voitures tentent de forcer le passage, mais Drouet leur barre la route. Les gardes du corps ne sont armés que de couteaux de châsse. Les armes ont été oubliées au palais. Ils ne sont alors qu’à 100 mètres du relais improvisé, où les chevaux attendent.
Le roi est formellement reconnu à 2 heures du matin. Les dragons de Choiseul-Stainville arrivent enfin à Varennes, mais il est trop dangereux de tenter une action : la garde nationale s’est formée, des barricades ont été dressées et un canon est pointé sur la troupe. A 7 heures, les envoyés de Paris arrivent. Le retour à Paris ne peut plus être empêché.